L’imparité ou la parité d’un singleton

L’université française, toujours à la pointe des avancées civilisationnelles et sociétales, ne pouvait manquer de se distinguer par son inventivité dans la lutte pour la parité, et c’est ce qu’elle a montré dans l’épisode que nous allons relater maintenant.

L’histoire, disons même l’Histoire, a lieu début avril 2023 dans une grande université parisienne à l’occasion d’un concours de recrutement. Conformément aux directives récentes, les membres du jury réunis pour l’occasion ont eu le plaisir et l’honneur, avant d’entamer les délibérations, d’être instruits par un « référent parité » des biais cognitifs pouvant conduire certains jurys de concours à recruter plus d’hommes que de femmes. Après leur avoir présenté l’état de l’art dans la faculté en question, le « référent parité » conviait le jury à faire preuve de circonspection, de self-control, d’autocensure, voire de méfiance vis-à-vis de lui-même (tiens, un mot à inventer) afin de ne pas favoriser une moitié de la population plutôt qu’une autre. En pratique la règle est simple : recruter autant de femmes que d’hommes.

Jusque là rien d’innovant, vous dites-vous : ce discours est répété à l’identique à chaque concours. C’est exact, mais l’innovation, disons même le saut conceptuel, est bien réel car à ce fameux concours se présentait une unique personne ! Saluons donc l’esprit hardi qui en vient à exiger la parité dans les recrutements non pas globalement mais au coup par coup. La statistique étant la forme scientifique du mensonge, l’esprit du temps a judicieusement fait fi de ce formalisme pour exiger que chaque recrutement soit paritaire.

Saluons aussi la discipline (et le flegme) des membres du jury qui n’ont rien objecté au discours pré-délibération (une variable 0-1 en statistique est appelé variable « muette »), puis n’ont pas cherché à cuisiner la personne candidate sur sa parité personnelle ; de telles questions auraient constitué un manque de tact, voire un impair.

Naguère, le Collège de pataphysique avait soulevé la nécessité du dépassement de la « pensée binaire » : ils imaginaient, par exemple, les conséquences d’un match de football se jouant non pas à deux mais à trois équipes. La parité d’un singleton est un nouveau défi pour l’Administration. Pour éviter l’imparité…

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Nouvelles du front

C’est avec une grande satisfaction que nous saluons l’initiative jointe du gouvernement et du parlement français, pour une fois réunis, qui viennent enfin de prendre une décision drastique et structurelle susceptible d’éviter la récession économique due à la pandémie. La Loi sur l’étirement provisoire du temps sera prochainement promulguée, pour un effet immédiat et une durée d’application pour le moment indéterminée. A partir du  8 janvier 2021, et dans une première phase, les taux d’intérêts annuels deviennent biennaux, les loyers mensuels deviennent bimestriels, etc. Par dérogation, afin de ne pas lasser le public, les matchs de foot n’auront pas à durer trois heures mais seulement deux et demie. Surtout, et pour toucher directement à la santé, les anniversaires auront lieu seulement tous les deux ans. Les bénéfices attendus sont évidents : la maladie touchant principalement les personnes âgées, le rajeunissement progressif de la population fera baisser la pression sur notre système de soin. Pour paraphraser Karl, la baisse tendancielle du taux de vieillesse, habilement induite par cette législation, surdéterminera la dynamique du rapport de classe entre les jeunes et les vieux. La classe des vieux finira par s’effondrer d’elle-même, et disparaitre pour le plus grand bénéfice du peuple.

La solution de Karl: la baisse tendancielle du taux de vieillesse.