« Tout le monde sur le pont ! » |
Les étudiants de Mai 1968, après Ferdinand Lop, réclamaient l’installation de Paris à la campagne, pour profiter du bon air, ou, si pas possible, le prolongement du boulevard Saint Michel jusqu’à la mer. Cinquante ans plus tard, le Boul’mich est en sens unique mais un autre projet, d’envergure nationale cette fois, mobilise nos ingénieurs et administrateurs : la construction du viaduc Mai-Août.
Le pays tout entier soutient cet ambitieux et moderne programme de relance économique et sociale. Cheminot, retraité, ancien combattant, catholique, zadiste ou étudiant, chacun donne de son temps au joli mois de Mai, comme il le peut et sans compter. Une grève perlée, une manifestation, une commémoration, une fête religieuse, quelques blocages des examens, et les premières arches du gigantesque ouvrage sont en place. Les marches de « protestation positive » et autres fêtes printanières saluent l’arrivée des beaux jours, les rires des enfants y font écho aux slogans joyeux des parents, les cloches pascales trinquent avec le muguet prolétaire, et tous ces bons auspices inaugurent les premiers tronçons de la construction.
Reprenant une autre idée du brave Ferdinand Lop, nos ingénieux ingénieurs des Ponts et Chaussées ont même calculé que si le tablier en est assez large, 67,5% des migrants européens trouveront place pour dormir sous le Grand Pont, comme on l’appelle familièrement dans les milieux bien informés. Politique positive d’accueil des migrants, économie sociale du bonheur et de la belle saison : Déconnométrica, ne pouvait évidemment que soutenir ce grand projet national français et s’engage d’ores et déjà à reverser 20% de ses recettes de Mai 2018 aux travailleurs mobilisés sur le Grand Pont.
Le viaduc Mai-Août : début du projet (vue depuis le Lundi de Pâques, vers le sud)